Depuis quelques temps déjà
l'idée de l'autonomisation du droit fait son chemin. Le droit,
le système juridique, d'objet deviendrait sujet, entend-on dire.
Néanmoins, il
apparaît désormais au moins autant fondé de s'interroger
sur la notion de matrice juridique et sur l'existence d'une configuration
de notre monde juridique. Le droit abrite en effet tout d'abord en lui-même
une puissance qui impose que ordre soit fait, peu importe son contenu.
C'est cette force ordonnatrice, condition de la vie humaine, qui poussait
le juge kafkaïen à convoquer rien que pour que "justice"
(comprenez ordre) existe.
Mais cette force ne s'est-elle
pas perfectionnée, ne serait-elle pas devenue faiseur autonome de matrice
et source de configuration derrière le visible du droit ?
Le passage nécessaire
de l'étude du droit au décryptage de la régulation
juridique donne sens à cette intuition comme le surgissement de
phénomènes de plus en plus complexes et le nombre exponentiel
de données juridiques perceptibles dans l'espace du droit et dont
le traitement s'avère impossible pour l'esprit humain.
Reste que, si tel est
le cas, nous serions alors prisonniers de normes matricielles invisibles
et les potentialités de l'humanité s'avèreraient
limitées par ces bornes de l'ordre.
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