Depuis quelques temps déjà l'idée de l'autonomisation du droit fait son chemin. Le droit, le système juridique, d'objet deviendrait sujet, entend-on dire.

Néanmoins, il apparaît désormais au moins autant fondé de s'interroger sur la notion de matrice juridique et sur l'existence d'une configuration de notre monde juridique. Le droit abrite en effet tout d'abord en lui-même une puissance qui impose que ordre soit fait, peu importe son contenu. C'est cette force ordonnatrice, condition de la vie humaine, qui poussait le juge kafkaïen à convoquer rien que pour que "justice" (comprenez ordre) existe.

Mais cette force ne s'est-elle pas perfectionnée, ne serait-elle pas devenue faiseur autonome de matrice et source de configuration derrière le visible du droit ?

Le passage nécessaire de l'étude du droit au décryptage de la régulation juridique donne sens à cette intuition comme le surgissement de phénomènes de plus en plus complexes et le nombre exponentiel de données juridiques perceptibles dans l'espace du droit et dont le traitement s'avère impossible pour l'esprit humain.

Reste que, si tel est le cas, nous serions alors prisonniers de normes matricielles invisibles et les potentialités de l'humanité s'avèreraient limitées par ces bornes de l'ordre.

Fond d'écran, image du film Matrix reloaded, Warner Bros, 2003.